Abbé Pierre KAFANDO, 17 mars 2007
Chers frères et sœurs en christ.
C’est l’amour que je veux et non les sacrifices. Dieu veut le repentir qui touche davantage l’intérieur de l’homme que la simple observance des lois qui est purement extérieure.
Dans l’Ancien Testament, l’action des prophètes tendait à faire passer la religion juive des pratiques cultuelles, finalement assez ce superficiel, à la conversion du cœur qui engage totalement. Il y a là un pressentiment de la religion en esprit et en vérité à laquelle le Christ donnera accès par le mystère de sa mort-résurrection. Dieu respecte tellement notre liberté qu’il devient comme impuissant devant celui qui s’enferme dans sa suffisance, celui qui est plein de lui-même. Il exerce alors sa patience aussi longtemps que possible, attendant notre retour. Dieu ne peut justifier celui ou celle qui se croit juste car, pour recevoir la grâce, il faut commencer par en reconnaître le besoin, c’est-à-dire s’avouer pécheur. Terrible avertissement, en particulier pour tous les honnêtes pratiquants que nous avons souvent conscience d’être.
Personne ne se convertit sans avoir d’abord reconnu la nécessité de changer quelque chose dans sa vie. Mais alors lorsqu’on a courageusement adopté des manières de vivre qui s’inspirent de l’Évangile. Une tentation subtile apparaît: celle de juger les autres en estimant qu’ils sont moins convertis que soi-même; celle de se croire meilleur que les autres. C’est l’attitude du Pharisien. Il a uni la suffisance au mépris: fier de cette performance, Il méprise le reste des hommes qui sombrent dans le péché. Il rabaisse les gens pour se hausser. Il est plein de lui-même. Il vient au temple y prier et commence par interpeller Dieu. C’est là un cadre tout extérieur : le pharisien parle à lui-même; il monologue. Il ne perçoit pas Dieu comme l’auteur de sa justification ou comme l’être dont il aurait lieu de louer les bienfaits. Pour le Pharisien Dieu est là comme témoin de sa propre pratique de la loi. Il est irréprochable et par conséquent. n’a pas besoin de l’intervention de Dieu dans sa vie. dans sa prière. La grandeur spirituelle du pharisien repose sur l’observance du jeûne et de la dîme. Il s’agit de pratiques extérieures, visibles, mais souvent vides de charité.
L’humilité du collecteur d’impôts par contre forme un contraste parfait avec la suffisance du pharisien. Le collecteur d’impôts reconnaît sa faute et en demande pardon.
Dans la vie pratique, dans notre vie ordinaire, les choses vont mal ou s’aggravent, lorsque, au lieu de reconnaître nos propres torts, nous nous préoccupons de ceux des autres. Il en est de même dans nos familles. Au lieu de me demander si j’aime vraiment l’autre, et quels sont les efforts que je fais concrètement pour rester fidèle à mon amour pour lui ou elle malgré tout, au lieu de reconnaître que mon amour n’est pas toujours constant, je me préoccupe de savoir si mon conjoint ou ma conjointe m’aime, et qu’est-ce qu’il ou elle fait pour me prouver son amour? S’il ou elle ne fait rien, ou s’il ou elle fait ce que je n’aime pas, c’est la preuve qu’il ou elle ne m’aime plus; son amour est ailleurs …
Cher(e)s ami(e)s, le Prophète Osée vient nous dit que personne ne peut prétendre être constant en matière d’amour. Notre amour pour Dieu et pour le prochain connaît des hauts et des bas. Aussi sommes-nous continuellement appelés à nous remettre en cause, au lieu de mettre en cause l’autre. Il s’agit pour chacun(e) de faire son auto-évaluation par rapport à sa manière d’aimer Dieu et les autres. S’asseoir pour discuter franchement ensemble dans le respect de l’autre, consacrer un peu de son temps à l’autre, l’attention que l’on porte à l’autre, sont de petits signes dans nos relations humaines, mais très significatifs dans la vie à deux ou en groupe.
Puisse la Vierge Marie, épouse du Saint Esprit, nous aider, si nous sentons la nécessité de changer notre manière d’être, de voir et de juger les autres, et si nous en avons le désir.