Roland Da Silva TUZOLANA
De nos jours, « le divorce » concerne beaucoup de couples et beaucoup de familles. Le phénomène s’accroît et touche aussi les couples et les familles chrétiennes. Pour les couples chrétiens et les familles chrétiennes, l’une des causes de dislocation serait le manque de pardon à la lumière du Christ. Les Chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas suffisamment préparés dans l’exercice du pardon ; ils s’orientent vers le mariage avec un manque sérieux de l’apprentissage de cette valeur. Il suffit qu’un conjoint dise un mot et crac, ça barde…Il suffit qu’on rentre en retard et qu’on n’ait rien dit…crac, ça barde ; la distance se crée et on ouvre la porte aux bouderies, aux colères, aux échanges négatifs de parole, aux disputes, dans certains couples aux bagarres, etc… On laisse installer dans le couple les sentiments du Malin. De ce fait, le couple n’est plus un foyer où règne le feu de l’amour, de la joie, de la paix ; ce n’est plus un havre de bonheur trouvé dans la différence et la complémentarité, mais un foyer où règnent les ténèbres de la haine, du mécontentement, de la division et du manque de cohésion ; cela devient un fief de malheur dans les incompréhensions, dans les soupçons et les confusions de toutes sortes. Le couple devient « suppôt de Satan ».
Nous lançons un appel urgent à ces familles qui ont perdu des repères, comme l’ont fait jadis les prophètes (nous pensons ici au prophète Jérémie, chap.3 et chap.4) de revenir au Seigneur qui seul nous suffit pour nous montrer le chemin de la réconciliation mutuelle. Il nous faut donc reprendre la voie de la prière confiante pour permettre à nos couples, à nos familles d’être des lieux où s’exerce l’esprit chrétien du pardon càd l’amour sans calcul. Nous pouvons même y célébrer souvent une liturgie du pardon et de la prière comme dans l’église. En effet, dans l’église, il ya un lieu de confession ; il ya des jours pour la réconciliation. Nous pouvons envisager d’avoir chez nous par exemple des jours de pardon en famille : par exemple chaque vendredi au soir, par exemple après chaque 15jours, par exemple à chaque grand événement liturgique (période de Noël, à la Semaine Sainte, à la Pentecôte, à la Toussaint, etc…). Ce qu’on pourrait appeler « une certaine ascèse familiale » qui est un exercice hygiénique excellent pour nos couples et nos familles.
Que faut-il faire concrètement pour que nos familles soient un lieu de pardon ?
1. Il faut vivre devant Dieu dans une transparence du cœur, dans une grande confiance à une infinie miséricorde. Que la famille se place chaque fois devant le côté ouvert de Jésus sur la croix pour que ce cœur sacré puisse jouer son rôle dans la famille. Lorsque dans la famille, le Seigneur pardonne un des conjoints, il pardonne tous et pardonne toute la famille. On reçoit le pardon de Dieu pour vivre le pardon mutuel et cela à travers des gestes et des paroles très simples à commencer par accepter les fautes et les limites de l’autre. Dieu aide les conjoints à accueillir tout ce qui est de l’ordre du manquement, de la faute dans une atmosphère de prière et de pardon (ce n’est pas seulement le pardon explicite pour une faute faite à l’autre, mais même pour ce qui est imparfait et pénible chez l’autre).
2. S’exercer à ce que nous appelons « les 10 commandements du pardon ». C’est une sorte de stratégie pour appliquer le pardon conjugal ou familial. En voici la teneur :
- S’accepter soi-même tel qu’on est et s’accepter avec joie
- Considérer ce qu’on reçoit plus que ce qui manque et remercier plutôt que se plaindre
- Accepter les autres tels qu’ils sont, à commencer par ses plus proches : son (sa) conjoint(e), ses enfants, ses parents, etc…
- Dire du bien des autres et le dire à haute voix
- Ne jamais se comparer aux autres car cela ne peut que conduire à l’orgueil ou au désespoir et tous les 2 sont mauvais
- Vivre dans la vérité sans craindre d’appeler « bien » ce qui est bien et « mal » ce qui est mal
- Résoudre le conflit par des paroles de douceur et non par la force, ni la brutalité, ni l’agressivité.
- Ne pas se plaindre inutilement. Mieux vaut ouvrir son cœur dans un vrai dialogue. Et dans le dialogue, commencer avec ce qui rassemble et réunit plutôt que ce qui divise et détruit. Il faut parler à l’autre de ce qui va et de ce qui ne va pas ; parler de l’autre en sa présence pour éviter des malentendus
- Faire le 1er pas avant le coucher du soleil
- Etre persuadé que pardonner est toujours mieux et plus fort que d’avoir raison.
Avec ces propositions pratiques, l’amour que nous avons abîmé et brisé dans nos couples, dans nos familles, sera refait, restauré, restitué. C’est donc important dans le sens de l’harmonie conjugale que le couple ou la famille soit un cadre où s’exerce et s’applique l’acte de pardonner, le pardon tel que Dieu nous l’accorde.