Roland DA SILVA
« Vous n’avez donc pas lu, dit-il, que le Créateur au commencement les fit homme et femme et dit : Pour cette raison, l’homme quittera son père et sa mère ; il s’attachera à sa femme et les deux seront une seule chair ? De sorte qu’ils ne sont plus deux mais une seule chair. Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mt.19, 4-6).
Telle est l’identité de la famille, identité pour laquelle nous devons nous lever et qu’il nous faudrait défendre. Expliquons-en quelques traits :
- Le Créateur au commencement : le commencement, c’est ce qu’il y a de plus fondamental ; c’est ce qui est à l’origine du couple. Pour le savoir, il faudrait remonter au dessein premier de Dieu sur le couple humain (Gn.1, 27) avant que le péché n’endurcisse les cœurs. C’est revenir à la source de l’amour qui a fondé le couple. Cette source pour nous, c’est Dieu : source intarissable de limpidité et de pureté d’amour. En ce qui nous concerne, dans nos couples, c’est ce qui m’a poussé à aimer l’autre ; ce que j’ai trouvé d’attirant et d’aimant chez l’autre, le « pourquoi » de ma décision de le (la) prendre comme époux (se). C’est l’amour de Dieu en toi qui t’a poussé vers l’autre. Savoir de temps en temps rentrer à la source. Voir ce qui m’unit à l’autre. C’est aussi chercher Dieu lorsque les difficultés commencent dans le couple et même dans les moments de joie. Savoir mettre son couple entre les mains de Dieu. Prier en couple ou en famille, simplement parce l’amour de Dieu reste le ciment d’une vie conjugale ou familiale durable. Plus les conjoints se tournent vers Dieu, plus ils apprendront à s’aimer et plus ils mettront du dynamisme dans leur couple. Dieu est donc ici Celui qui aide les conjoints à s’aimer et à se réaliser pleinement en amour. Puisque enracinés dans la source première de l’Amour qui est Dieu, l’homme et la femme deviennent, eux aussi, dans le couple, source d’amour.
- Il les fit homme et femme : Dieu unit l’homme et la femme dans un seul regard. Nous sommes ici dans le premier récit de la création (Gn1, 27). Au regard de Dieu, l’homme et la femme sont égaux. Il n’y a pas de séparation. Il n’y a pas de distinction entre l’homme et la femme. Ils ont du prix aux yeux de Dieu. Ce sont deux faces d’une même réalité. L’homme et la femme sont miroir de Dieu. Dans sa sagesse, Dieu veut l’unité du couple. Mais dans le second récit de la création (Gn.2, 7-22), Dieu va créer la femme à partir de l’homme. Dieu va différencier. C’est sera l’origine du couple : le couple fondé sur la différence sexuelle. Dieu n’a pas dit homme et homme (homosexualité), ni femme et femme (lesbienne). Dieu n’a pas dit homme et son enfant, ni femme et son enfant (inceste). Dieu n’a pas dit homme et une bête (bestialité). Dieu n’a pas dit un homme et plusieurs femmes (polygamie), ni plusieurs hommes et une femme (polyandrie). Ce sont des antivaleurs à combattre. Selon le plan de Dieu, la famille est monogamique. Aujourd’hui, dans sa perversion, le monde veut nous faire voir le contraire. Ainsi « la famille se trouve attaquée de toutes parts. Le monde cherche à changer l’identité de la famille. Certaines officines travaillent pour détourner la famille de son origine » (penser à la théorie du genre et des questions qu’elle suscite). Nous devons nous lever pour défendre la Vérité sur la famille, telle que voulue par Dieu. Notre Eglise prêche l’Évangile de la famille, car la famille est une Bonne Nouvelle pour l’humanité » . La famille reste un Évangile pour nous.
- L’homme quittera ses parents : synonyme de l’autonomie, de la responsabilité, du sérieux. Il faudra quitter papa et maman ; il faudra quitter les relations rassurantes, il faudra éviter de penser que le partenaire va remplacer papa, maman. Il n’y a pas de confusion possible. L’homme ne doit pas trouver chez sa femme sa mère et vice-versa. Nous avons à nous en détacher pour nous attacher l’un à l’autre et ainsi devenir adulte dans notre amour, à travers nos propres expériences de vie de couple.
- Pour s’attacher à sa femme : on quitte le cocon familial pour fonder son propre couple. On quitte les influences des parents, la suprématie des parents, la direction des parents. Les parents ne sont plus que des conseillers et pas ceux qui dirigent nos familles.
- Et les deux seront une seule chair : Un : c’est le premier attribut divin. C’est dire que l’homme et la femme, dans le mariage, sont signes de la divinité. C’est dans ce sens que le mariage est un sacrement càd signe visible de la présence de Dieu. Un : est à prendre aussi au sens de Uni, d’un tout. L’homme et la femme forment un tout. Il n’y a plus de distance entre eux. Il n’ya pas non plus de proximité, mais il ya intimité : « l’un et l’autre » (Gn.1, 27) et pas « l’un ou l’autre ». « L’un pour l’autre » et pas « l’un contre l’autre » : C’est la complicité à travers l’entente, la compréhension mutuelle, le dialogue, l’échange vrai en tout. C’est l’unité du couple. C’est aussi le sens de la complémentarité. « L’un est le complément de l’autre ». La Bible parle de « l’aide qui soit assortie à l’homme » (Gn.2, 18) en ce qui concerne la femme et de « l’os de mes os, la chair de ma chair » en ce qui concerne le cri de l’homme pour sa femme (Gn.2, 23). La complémentarité veut dire que chaque couple découvre le lien qui existe entre l’homme qui a besoin de sa femme et la femme qui a besoin de son homme. Tous les deux ont besoin l’un l’autre. Sans l’un, l’autre ne vit pas bien et vice-versa. Ce qui voudrait dire que la femme est l’amour de l’homme (de son homme et pas d’un autre) et l’homme est l’amour de la femme (de sa femme et pas d’une autre). Ainsi, dans la surabondance de son amour, Dieu veut la complémentarité des époux. Dieu les veut complémentaires. C’est en s’unissant et en partageant cette complémentarité dans la communion que les deux vont faire œuvre de création. Dans ce contexte, l’Un est aussi à prendre au sens de la fidélité : le respect des promesses et la tenue de ses engagements. C’est l’alliance conjugale par rapport à l’Alliance divine : la confiance en Dieu. En ce sens, le couple est unique : il n’ya pas deux comme vous. Dans le couple, il n’ya pas de réticence, il ya ouverture. C’est le phénomène de « bisoïté ». C’est la logique de l’altruisme qui prime. Il n’ya pas un qui est dans son coin et l’autre dans le sien. On a une seule parole, on a un projet unique, une intention unique. Il n’ya pas de zone d’ombres. C’est la transparence complète. Nous sommes dans le domaine de la communion fraternelle. Dans cette monstration, rayonne l’harmonie conjugale.
- Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni : dans le couple tel que voulu par Dieu, on s’engage pour l’éternité. Il n’y a pas de rupture. Il n’ya pas de séparation, de divorce car l’amour unit, l’amour croit tout, supporte tout, l’amour ne divise jamais (1Cor.13). C’est pourquoi, il faut bien réfléchir avant de s’engager. L’amour est un chemin à sens unique : on ne sait pas faire marche arrière. Quand on y est, on y est. C’est comme la vie. On y entre et on y reste. C’est jusqu’à ce que la mort nous sépare. Là encore, c’est un grand acte de responsabilité. Que personne ne s’ingère dans un couple avec comme but de le détruire, de le nuire, de lui porter entorse. Celui qui s’ingère avec cette mauvaise intention en paiera très cher devant Dieu : que personne ne sépare ce que Dieu a uni ! C’est une mise en garde.
En conclusion, nous avons à nous lever pour défendre la source de notre amour : ce qui fait que nous nous aimons (ce qui a été à la base de mon attirance pour l’autre), respecter notre cheminement car vivre en couple est un chemin ; rien n’est tracé d’avance ; tout est à construire, à bâtir avec amour. En fait c’est l’amour qui doit être la sève de notre union. (L’amour : 1Cor.13. Cet amour, c’est le Christ lui-même qui doit vivre en nous, en nos couples et familles).
Nous avons à nous lever pour défendre le couple : un homme et une femme, dans le lien du mariage. Un mariage compris comme un engagement responsable.
Nous avons à défendre l’unité de notre couple, notre complicité et notre complémentarité en privilégiant la prière, le dialogue, l’écoute, l’attention à l’autre, la compréhension, le partage, le don de soi à l’autre, la fidélité, la transparence.
Nous avons à nous lever pour défendre l’unité de notre couple contre toutes formes d’influences qui suscitent des divisions, des séparations, des zizanies. Nous avons à défendre la pérennité du couple, un engagement pris pour toute la vie.
En ce qui concerne notre Communauté, nous savons tous ce qu’est notre identité et ce que nous prônons.
Notre Communauté est une communauté de prière et de vie. Lorsque nous disons Communauté, nous devons distinguer ce mot du groupe. Notre Communauté n’est pas un groupe. Un groupe : c’est lorsqu’on se réunit chacun pour soi, chacun pour son propre intérêt. Ainsi on va se mettre à prier pour soi-même. Tandis que dans la Communauté, on fait des choses pour les autres et pas seulement pour soi. On fait des choses dans un intérêt commun, collectif « pour le bien de tous » (1Cor.12, 4-7). Et là, règne la notion d’amour. On fait des choses par amour pour les autres. Et on respecte la tâche d’un chacun (1Cor.12, 27).
Notre Communauté est une Communauté de prière (aspect spirituel), d’abord avant d’être une Communauté de vie (aspect matériel). Nous nous rencontrons pour rencontrer Dieu. Nous nous rencontrons pour prier. La prière est un moyen pour nous de rencontrer Dieu et d’exister comme couples chrétiens. Et nous ne prions pas seulement pour nous-mêmes. Nous prions les uns pour les autres, sans penser nécessairement à soi. En tout moment, la prière communautaire est au cœur de notre Communauté. Par exemple, nos frères de Kinshasa prient pour nous ici. Nos frères de l’Afrique du Sud prient pour ceux de Bandundu, etc… et cela de façon continuelle et permanente. De sorte que la prière reste ce feu dévorant qui nous habite tous et qui fait la spécificité de notre Communauté. Si mon couple tient, si notre Pool tient, c’est grâce aux prières des autres. C’est cela notre Communauté. Le bonheur des uns fait notre bonheur. Nous nous y associons. Leur malheur est notre malheur. Nous compatissons en le faisant nôtre. Voilà notre Communauté.
Cette prière produit en nous l’amour fraternel, la joie et la paix (Gal.5, 22-23). Vivre entre frères dans la joie et dans la paix, en toute confiance. Voilà les valeurs pour lesquelles nous avons à travailler et pour lesquelles nous avons à lutter : des idéaux nobles de vie chrétienne.
Transformons –nous et bâtissons. Mettons-nous ensemble pour le bien, pour le vrai, pour le bon, pour le juste, pour la réconciliation, pour la convivialité, bref au nom de l’amour et pour l’amour ! Soyons modèles, à l’exemple du Christ (Eph. 5, 1-3) !
Soignons nos familles, construisons notre Communauté. Créons, pacifions plutôt que de haïr, d’humilier, de frapper, de se moquer, de décourager et de se décourager, d’attiser de l’incompréhension, de la jalousie, des conflits stériles et de la violence entre nous. Vivons en paix !
A bas ce qui détruit ! A bas les antivaleurs. Vive ce qui construit ! Vive ce qui concoure à l’unité et à l’unisson (Eph. 4, 1-3). Faisons de nos familles et de notre Communauté des vases porteurs des valeurs d’humanité et des vases « sourciers » d’espérance. « Gardons indéfectible la confession de l’espérance… et faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes… » (Héb.10, 22-25).
Que le Seigneur nous bénisse abondamment !