LEON BOTOLO MAGOZA
- J’ai beaucoup apprécié l’intitulé de l’intervention qui m’a été réservée par notre structure chargée de la Formation, de la Réflexion et de l’Expansion de la Communauté Famille Chrétienne. Il y a donc des enjeux, il y a nécessité d’une formation, mais il y a une exigence que celle – ci soit adaptée à la CFC qui est une réalité.
- L’observation de notre société montre que celle – ci ne se caractérise ni par l’effort intellectuel, ni encore moins par la volonté de chercher de solutions nouvelles, donc de se renouveler. Regardez des faits de société : des enfants ou même des adultes qui cueillent des mangues en lançant des pierres comme nous avons lancé, comme nos pères, nos grands – pères ont lancé. Regardez comment on coupe les régimes de noix de palme ; pourquoi n’y a – t – il pas de pondu ou de chikwangues conservés selon des méthodes modernes ?
- Notre Ville qui est une mégapole de près de dix millions d’habitants n’a pas de véritables librairies. J’ai été à Dakar, Abidjan, Douala, et même en face à Brazzaville, on trouve des librairies où on peut s’approvisionner en livres de culture générale. Pas à Kinshasa. Et si d’aventure quelqu’un en ouvrait un, qui achèterait ces livres ? Il y a dans ce pays une inculture généralisée, une tendance certaine à l’abrutissement général : on boit pour oublier, on discute football, musique, on se réfugie dans une religion qui, pour beaucoup, est effectivement devenue un « opium du peuple », selon le mot de Karl Marx.
- Il n’est un secret pour personne que l’intellectuel congolais, ou le supposé tel, n’est pas très porté aux choses de l’esprit, à moins d’y être contraint. Combien ont – ils une bibliothèque personnelle, même dans le domaine de leur formation ou de leur profession ? Combien ont – ils, a fortiori une bibliothèque de culture générale ? Combien lisent – ils, pour se former ou même simplement pour le plaisir ? Combien participent à une activité intellectuelle régulière ? Mieux, combien passent – ils leur temps à suivre une émission culturelle ou scientifique, ou un documentaire ?
- En réfléchissant à cette intervention, l’idée m’est venue que l’une des priorités de la CFC, c’est la constitution d’une bibliothèque sur les questions de la Famille. J’ai constitué au cours de mes voyages, une bibliothèque personnelle spécialisée dans les questions du mariage. J’ai déjà dit et répété, et même écrit, que je suis disposé à léguer à la structure adéquate, CFC ou Fondation, toute cette bibliothèque tout de même bien fournie. A la seule condition que ces livres, fruits de mon travail et de sacrifices personnels, soient respectés et bien conservés. Je pense aussi qu’il est vraiment urgent que l’Intendance de la CFC règle rapidement la question de la connexion internet au siège de la CFC, pour que les formateurs puissent rapidement accéder à l’information utile, en temps réel.
- La CFC étant composée à une très grande majorité d’intellectuels, nous avons ressenti la nécessité de créer très vite une structure devant s’occuper de la formation permanente de nos membres.
- Au sein de la CFC, la formation est généralement de deux ordres. Il y a la formation spirituelle, il y a ensuite la formation humaine et même technique.
- Sur la formation spirituelle, la CFC part du constat que le laïc catholique n’est généralement pris réellement en charge que durant son enfance, avec le catéchisme préparatoire aux sacrements d’initiation spirituelle. Puis, il y a la préparation au mariage. Beaucoup d’intellectuels vivent alors ce déséquilibre entre une formation intellectuelle plus ou moins poussée et une formation spirituelle plus ou moins élémentaire.
- La CFC a alors développé pour ses membres un cursus appelé évangélique : préparation à l’acceptation de Jésus – Christ comme Seigneur et Sauveur, session des affermissements de la foi catholique, cure d’âme et séance de délivrance spirituelle, séminaire des sept semaines en vue de l’effusion de l’Esprit Saint, enseignements spécifiques et exhortations à la prière hebdomadaire, aux récollections, à la Campagne d’Evangélisation, etc…
- Sur la formation humaine, la CFC part du constat que généralement l’enseignement donné sur les questions du couple et du mariage restent doctrinal, souvent théorique et même évasif sur certaines questions essentielles de la vie du couple. Les questions de fonds ne sont pas abordées. Pire, bien souvent, on donne des réponses purement spirituelles là où les couples attendent des réponses concrètes ou même techniques.
- La CFC a alors développé pour ses membres une série d’enseignements spécifiques ayant trait à la vie du couple, jusque dans ses aspects les plus intimes… Ces enseignements, dont l’originalité n’est plus à démontrer ont commencé à faire école.
- Il faut noter que, s’il existe un centre de coordination de toute formation organisée au sein de la CFC, il existe divers centres de productions. Il en est ainsi de la Bergerie, ou plutôt des Bergeries (à tous les niveaux), de l’Evangélisation, de l’Intercession, de la Ceefac, de l’Ecofrères, de l’Ecosoeurs… Auxquelles il faut ajouter l’Institut de la Famille et du Couple, et même les Rencontres HBC, dont la vocation dépasse les limites strictes de la CFC.
- Il faut que, dans l’élaboration de toute formation à donner au sein de la CFC, il soit tenu compte d’un certain nombre de paramètres que je m’en vais définir maintenant.
- Le premier paramètre, c’est celui que j’ai appelé Centre de Coordination. C’est – à – dire Forex. Il me semble capital que Forex joue pleinement son rôle dans le suivi et le contrôle du contenu de toute formation donnée au sein de la CFC. Nous sommes l’Eglise Catholique. L’Autorité, à travers les structures ad hoc, doit contrôler le contenu de ce qui est enseigné.
- Concernant les Centres de Production, il faut réviser les méthodes jusque là utilisées par certains. Je pense qu’il faut une plus grande programmation, une plus grande visibilité, une plus grande ouverture aussi. Tout en laissant sa marge de manœuvre à l’Esprit Saint, il me semble que la CFC atteint un seuil où les improvisations doivent céder le pas à une plus grande rationalité. Rationalité veut précisément dire ici flexibilité, capacité d’adaptation, mais vision. Exemple : intercession (armée) ; exemple : évangélisation (campagne) ; exemple : adoration du lundi ; exemple : ceefac.
- Concernant le contenu de la formation.
- Toute formation doit tenir compte des objectifs poursuivis par la CFC qui se résument dans la recherche de l’Harmonie et du Bonheur Conjugal et Familial. Ceci suppose une bonne connaissance de la CFC. Il existe désormais des documents officiels (statuts et règlement intérieur, historique). Tout intervenant doit connaître ces documents et les avoir lus au moins une fois. Les comprendre. Les avoir toujours à l’esprit lorsqu’il intervient. Saisir les grandes innovations intervenues.
- La CFC est devenue œuvre d’Eglise. Désormais, il devient impératif que tous les responsables, c’est – à – dire tous les formateurs connaissent l’enseignement de l’Eglise sur le mariage et la famille. Il ne s’agit pas seulement de la Bible. Il s’agit des textes conciliaires, des documents du Magistère (Papes, Evêques, etc …). Il est important que les formateurs disposent des documents tels le Catéchisme de l’Eglise Catholique, Les Tâches de la Famille Chrétienne…
- Les formateurs doivent avoir une idée claire sur la position de l’Eglise sur des questions spécifiques : la sorcellerie, la malédiction, le salut, la prospérité, etc… Sans cette connaissance, des idées fausses diffusées par certaines sectes peuvent insidieusement entrer dans notre subconscient collectif, suite au matraquage médiatique auquel nous sommes soumis. Il est regrettable que l’aumônerie ne joue pas à ce propos le rôle qui devrait êtr le sien.
- En tout état de cause, il existe des frères au sein de la CFC qui se sont offerts pour nous produire des synthèses sur ces questions. Nous organiserons des séances à cet effet, en temps opportun.
- Concernant le message. Il est important de bien connaître le message de la CFC. Il est pratique. Il est réaliste. Il est propre. Tout message et toute formation donnés dans la CFC doivent avoir de près ou de loin un lien avec la question du couple et de la famille.
- D’abord une remarque. La CFC ne considère pas les problèmes du couple et de la famille comme nouveaux. Ce sont des problèmes vieux comme le monde. Nous avons trouvé ces problèmes, nous les laisserons. (cfr Luambo : matata ya mwasi na mobali esila te na mokili). Ces problèmes peuvent – ils être résolus ? Je ne sais. Ce que je sais, c’est que tout couple reste un mystère de solidité dans une fragilité permanente… Le couple reste une construction quotidienne, même après trente cinq ans de vie commune… Devenir une seule chair n’a jamais voulu dire perdre son identité personnelle, mais créer ensemble une nouvelle identité qui vient se greffer sur l’identité de chacun et en même vient refaçonner cette identité personnelle. De telle sorte que chacun tout en restant lui – même ou elle – même, devient aussi un peu l’autre.
- En des termes plus simples, la CFC vient apporter un autre regard sur la relation conjugale. Un regard que nous voulons nouveau, sur des questions vieilles, mais qui se renouvellent avec chaque génération. La CFC vient donner une clé. Et, une de ses spécificités dans notre Eglise, c’est que les laïcs prennent la parole, pour s’adresser à d’autres laïcs.
- Un message pratique. Laissez le clergé enseigner la doctrine. Il a été formé pour cela. Nous, nous abordons les problèmes du couple et de la famille de manière pratique. A partir de l’expérience de chaque jour. Nos thèmes partent de la vie quotidienne. Nos orientations naissent de la somme d’expériences accumulées. Partagées en vérité.
- Un message réaliste. Aucun sujet lié à la famille n’est tabou dans la CFC. Il est abordé de manière réaliste, c’est – à – dire dans la recherche de solutions applicables, sans nier les difficultés, mais sans les exagérer non plus. Avec cette option claire qui consiste à banaliser ce qui peut l’être : les malentendus, les incompréhensions… et même à rire après coup de certaines réactions.
- Un message propre. Parler des questions du couple de manière réaliste appelle un certain langage. La CFC ne peut s’adonner à un langage trivial, terre – à – terre. (mauvais exemples : session USC de 2007 ; Journée Ecosoeurs de 2007 ; ciseaux…). Il y a moyen de dire certaines vérités clairement, mais sans choquer la pudeur (session expérimentale : makambo ya nsoni).