par Nicodème Mfourga

QUE SIGNIFIE « DÉVORER LA PAROLE DE DIEU? »

Comme l’on dévore un livre que l’on affectionne, comme l’on écoute une histoire qui nous passionne, comme l’on suit un feuilleton qui nous intéresse, de notre point de vue, « Dévorer la parole de Dieu » c’est la lire ou l’écouter avec l’attention de TOUT SON ÊTRE, avec une volonté de se l’approprier en vue de faire l’expérience de ses bienfaits, de réveiller l’extraordinaire Puissance de Dieu qui est en nous, pour accéder à cette joie, cet amour et cette paix profonde qui sont en nous. C’est la lire ou l’écouter en PLEINE CONSCIENCE, avec une PRESENCE TOTALE.

Il y a des jours, où nous partons de l’église, de Banneux, de Lourdes ou de tout autre endroit spirituel avec le sentiment d’avoir vécu un moment exceptionnel, avec une joie profonde, heureux ou heureuse grâce à la parole que nous y avons entendue.
Il nous arrive de sentir la chair de poule en lisant ou en écoutant un verset de la bible, d’éprouver un sentiment de paix, de joie profonde, d’être tout simplement heureux d’être là, comme si ce passage nous était personnellement adressé.
A ces moments-là, chers frères et sœurs, nous sommes spirituellement CONSCIENTS, PRESENTS de tout notre être, avec tous nos sens. Notre présence est intense, elle est totale.

Par ailleurs, beaucoup d’entre nous reconnaîtrons avoir fait l’expérience de sortir d’une réunion de prière avec de la frustration, le sentiment de n’avoir rien récolté, d’avoir perdu son temps, de s’être ennuyé, et parfois cela s’est traduit par une attitude physique (se ronger les ongles, regarder à gauche à droite, faire même des commentaires à haute voix). A ces moments-là notre esprit était ailleurs, indisponible à l’INSTANT PRESENT, indisponible à la parole qui se dit ou qui se lit. NOTRE PRESENCE N’ÉTAIT ALORS QUE PHYSIQUE, nous étions INCONSCIENTS, spirituellement parlant.

Nous ne sommes trop souvent que physiquement présents dans les lieux où la parole est dite ou symbolisée. Nous ne sommes bien trop souvent que physiquement présents lorsque nous lisons la bible, trop souvent absents, mentalement parlant, pour en récolter les fruits. Nous sommes malheureusement trop souvent distraits dans la vie tout court.

MAIS QU’EST-CE QUI DONC NOUS DISTRAIT?

C’est le bruit qui nous distrait. C’est le bruit qui nous coupe de notre moi profond et qui nous éloigne de Dieu. Ce peut être le bruit qui vient de l’extérieur. Mais le bruit dont je vais vous parler maintenant ne vient pas de l’extérieur, il vient de l’intérieur, il vient de nous. C’EST L’ACTIVITE DE NOTRE MENTAL.

Et oui cette belle machine, ce mental, qui nous permet de trouver des solutions aux situations de la vie peut aussi s’avérer être un ennemi redoutable. Il vous est certainement déjà arrivé de croiser dans la rue des déments qui parlent sans arrêt tout haut ou tout bas. En réalité ce n’est pas très différent de ce que nous et tous les gens dit « normaux » font, sauf que nous le faisons en silence.
Une petite voix dans notre tête, sans arrêt, passe des commentaires, nous plaint d’une situation dans laquelle nous nous trouvons, de ce que les autres font ou disent, de nos conditions de vie,

Elle nous ressasse notre passé de victimes et les affreuses choses qu’on nous a faites ou que nous avons faites à quelqu’un ;
Elle anticipent le passé et nous prédit des lendemains douloureux et crée de la peur en nous. Elle Nous plonge dans la culpabilité, l’orgueil, le ressentiment, la colère, le regret ou l’apitoiement sur nous-mêmes.
Ce faisant, elle nous met dans une souffrance quotidienne qui se manifeste sous forme d’irritation, d’impatience, d’humeur sombre, d’un désir de blesser, de colère, de fureur, de dépression, de mensonges, d’intolérance, d’incapacité de pardonner, de besoin de créer des histoires, des mélodrames dans nos relations et ainsi de suite.
Ainsi plongés dans nos pensées et dans la souffrance qui en résulte, nous sommes coupés de notre véritable source, « comme des sarments coupés de la vigne et qui ne peuvent donc porter du fruit », comme nous le dit Jésus dans (Jn 15, 5). Ainsi plongés dans nos pensées, nous sommes tout simplement absents du moment présent, nous sommes distraits, nous n’habitons pas notre corps. Il est fréquent que chez une personne, cette voix intérieure soit son pire ennemi.
Nombreux sont les gens qui vivent ainsi avec un bourreau dans leur tête, qui les attaque et les punit sans cesse, leur siphonnant ainsi leur énergie vitale. Ce tyran est à l’origine des innombrables tourments et malheurs ainsi que des maladies.

Cet incessant bruit mental nous empêche de trouver ce royaume de calme intérieur. Et là ou je veux en venir, cette petite voix incessante, ce bruit incessant dans notre tête, nous empêche de dévorer la bible et de trouver le trésor qu’il y a en nous.
Alors notre vie de mendiant ignorant superbement ce trésor continue ! Nous nous tournons vers l’extérieur – biens, argent, pouvoir, reconnaissance ou relations spéciales, statut social, apparence physique – pour récolter quelques miettes de plaisir et de satisfaction éphémères, pour mieux se sentir, pour se sentir confirmés, sécurisés ou aimés, alors que nous abritons en nous un trésor qui non seulement recèle toutes ces choses, mais qui est aussi infiniment plus grandiose que n’importe quoi que le monde puisse nous offrir,

Le mental, cette petite voix n’est pas un bourreau en soi, elle le devient lorsque nous nous identifions à elle, lorsque nous nous soumettons à tout ce qu’il dit et qu’il prend totalement le contrôle de notre vie ; lorsque je dis : Je le pense, je l’imagine, donc c’est vrai. Je deviens prisonnier de mes pensées, de mes constructions mentales. Pendant que je pense, que je fais des constructions mentales en permanence (la pensée compulsive), Je ne suis pas dans la réalité, je suis dans la fiction, dans l’illusion. Surtout, Je ne suis pas dans le moment présent et par conséquent je ne suis pas présent à ce qui s’y passe, à ce qui est, à la vie tout court : je suis dans la souffrance psychologique, je suis mon propre bourreau.

SE LIBÉRER POUR ACCÉDER A L’ESPRIT DE VÉRITÉ

Heureusement, il nous est possible de nous libérer de l’emprise de notre mental, de ces pensées répétitives. Et cette libération nous permet d’accéder à l’Esprit de vérité qui est en nous. Et c’est la seule véritable libération.
En maintenant une intense attention sur le moment présent, sur ce qui se passe dans l’instant présent, par exemple une attention permanente sur l’orateur du jour, permet d’être totalement présent et disponible à ce qui s’y passe.
L’instant présent devient ainsi la clé de l’accès à la dimension spirituelle. Personne ne réalise jamais rien dans le passé ni dans l’avenir. Tout se fait toujours dans le moment présent. La vie c’est maintenant. « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même », nous dit Jésus lui-même (Mathieu 6, 34) Jésus nous dit encore : « Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, ne mérite pas le royaume de Dieu ».(Mathieu 9, 62)

Aussi la parole de Dieu nous aide-t-elle à nous libérer de ses pensées compulsives qu’entretiennent notre mental, et c’est une bonne nouvelle : Ma présence totale me permet d’accéder à la Parole de Dieu et la Parole de Dieu me rend encore plus présent. C’est ce qu’on appelle un cercle vertueux.
Désormais Quand cette petite voix critiquera, jugera, condamnera, culpabilisera sans relâche, m’extrayant ainsi du moment présent, La parole nous enseigne : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle [la samaritaine adultère] (Jn8,7). Et qu’aucun juif ne le fit.
« Je ne te condamne pas non plus: va, et ne pèche plus ». Dit Jésus à la femme adultère (jn 8, 11).
Ainsi, la conscience de ce que nous ne sommes pas nous-mêmes parfaits, nous libère de l’emprise de cette petite voix qui juge, condamne toujours notre prochain et qui ce faisant nous distrait.

Quand durant toute une nuit, cette petite voix ressasse tout sur mon mari ou mon épouse et rejette tous les torts de nos déconvenues sur lui ou sur elle, nous rendant indisponible pour la parole de Dieu et même pour notre propre sommeil ; quand nous dépensons une énergie folle à vouloir changer l’autre la Parole nous enseigne:
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l’oeil de ton frère ». (Luc 6, 41-42)
La prise de conscience de cela ne laissera pas la petite voix nous gâcher notre nuit ; elle nous permettra de recouvrir la liberté et d’être plus présent à nous-même. Ainsi et qu’au lieu de chercher à changer l’autre, il y aura lieu de ménager un espace au sein duquel la métamorphose peut se produire afin que la grâce et l’amour puissent venir.

CONCLUSION

Pour peu que nous lisions ou écoutions la Parole de Dieu en TOTALE PRESENCE, donc que nous la dévorions, l’accès à ce trésor qui est en nous peut se faire immédiatement, ici et maintenant, pas demain, pas dans dix ans, pas à notre mort. La ligne de communication avec Dieu n’est jamais encombrée, perturbée que par notre faute, parce que nous n’entretenons pas la partie du réseau qui est sous notre responsabilité. La partie qui est entretenue pas Dieu est toujours immédiatement disponible, intacte, 24h/24h. 7 jours sur 7.
Ceux qui à un moment donné de leur vie sont revenus de leurs tribulations, de leurs aventures (le Marxisme-léninisme comme salut, par exemple, pour prendre un exemple que je connais) ont pu immédiatement reprendre ou prendre contact avec cet Esprit de vérité dès qu’ils l’ont souhaité. Et ça, chers frères et sœurs, c’est rassurant, c’est tout simplement merveilleux.

C’est immédiat parce qu’il est en nous. Nous pouvons le laisser dormir, il est d’une discrétion totale, il respecte notre liberté. Ce n’est pas à lui de s’inquiéter des périls qui menacent notre barque (Ne t’inquiètes-tu pas de ce que nous périssons? Marc 4, 38). C’est notre responsabilité, notre liberté. Mais quand nous dévorons la Parole de Dieu et que nous réveillons le Dieu qui est en nous, nous avons le pouvoir de calmer les tempêtes, c’est-à-dire les problèmes de toutes sortes qui nous accablent, qui assaillent notre barque (Marc 4,39). A CONDITION QUE NOUS SOYONS TOTALEMENT PRESENTS.

Mêmes si nos rencontres, donc LA QUALITE DE LA PRESENCE DES AUTRES peut nous aider à accentuer notre propre PRESENCE, elles ne suffisent pas. La parole seulement le Mercredi ou le Dimanche, ou le jour de la prière dans le noyau aide mais ne suffit pas. Nous devons aussi et surtout y travailler seul.

Croire en Dieu peut nous réconforter. Par contre l’expérience de Dieu, l’expérience de sa parole peut nous libérer. Sinon nous serons comme ces juifs qui disaient être de Dieu, mais qui en réalité ne le connaissaient pas (Jn 8, 54,55).
Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi (Jn 14-6). Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé nous dit Jesus dans (Jn 7-16) ! ça c’est la Parole du Seigneur !

Chers frère et Sœurs, dévorons La parole de Dieu sans modération en étant totalement présents, pleinement conscient et nous porterons du fruit, nous rayonnerons.

PRIONS

Seigneur, Dieu Tout puissant, aide nous à nous libérer de l’emprise de notre mental, de nos pensées compulsives qui nous éloignent de toi.
Aide-nous à toujours être dans le moment présent pour mieux te connaître et demeurer en toi.
Aide-nous à toujours être dans le moment présent pour faire CE QUI T’EST AGRÉABLE.
Nous te le demandons au nom de ton Fils Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur qui vit et demeure en nous jusqu’à la fin des temps.

AMEN

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