par Célestin Gilbert Tshilumba
« Faites de tous mes disciples » est la mission que Christ donne à ses disciples et qui conditionne tout leur comportement. C’est dire combien notre conduite en tant que disciples du Christ, joue un rôle prépondérant dans cette mission. En lisant Mt 16, 24-27, une question nous interpelle : « à quoi sert-il à l’homme de gagner toute la terre s’il perd son âme ? » Cette question pose le problème de notre engagement de chrétien. Quelle est la nature de cet engagement et comment devons-nous nous engager ? Avant toute chose, nous devons comprendre qu’un disciple est celui qui doit ressembler à son maître. C’est à cela qu’il est appelé. Et nous en tant que disciple du Christ, nous devons lui ressembler. Et à ce propos, le Christ a dit : « on saura que vous êtes mes disciples à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. Nous savons que la mission du Christ a été de transformer le monde, de le délivrer de la servitude de Satan. Après sa victoire, le Christ nous a transmis de continuer cette mission lorsqu’il dit : « allez, faites de tous mes disciples ». (Mt 28,19). C’est cela notre mission première en tant que disciples.
Comment y parvenir ? Quelle doit être notre conduite ?
- Nous devons être saints et irréprochables (Eph.1, 3-6).
- Nous devons faire de bonnes œuvres (Eph. 2,10). (Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles). C’est dire que créés par Dieu, nous sommes tous capables du bien. -Nous devons être la lumière du monde. (Jn 8,12 : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marche pas dans la nuit ». -Nous devons transformer le monde par l’amour. Mt 5, 13-15 : Etre le sel de la terre : le sel qui donne du goût à la vie ; qui donne un sens à la vie. Etre lumière du monde ; lumière qui brille aux yeux des hommes ; lumières qui brille dans les ténèbres. C’est ça être disciple du Christ. C’est ça la mission du disciple du Christ.
Mais quelle est notre conduite par rapport à cette mission, par rapport aux recommandations du Christ face au monde ?
C’est toute la question de notre engagement chrétien qui est posée. A ce propos, il y a deux façons de s’engager.
- On dit oui à l’appel de Dieu et on fait un effort pour vivre conformément à ses commandements. C’est un engagement total, sincère et qui transforme.
- On dit oui à l’appel de Dieu mais on hésite à respecter ses commandements. On trouve toujours des excuses pour ne pas les respecter.
Dans le monde d’aujourd’hui, devenu trop matérialiste, avec toutes les tentations qu’on nous propose, il faut reconnaître que ce n’est pas facile de nous engager et de vivre pleinement notre vie de chrétien. Tantôt on s’engage, tantôt on recule. Tantôt un pied dedans, tantôt un pied dehors. Comme des enfants égarés qui ont perdu leur route et ne la retrouve plus, on n’a plus de repère. C’est ainsi qu’on se retrouve devant des chrétiens à un comportement pour le moins ambigu. Baptisés, à l’église chaque dimanche, à la prière chaque mercredi, mais en même temps ne se gênant pas de tricher, de mentir, de critiquer abusivement, de chercher à nuire à autrui, de jalouser, de convoiter, d’être injustes, de se vanter, d’insulter et de minimiser les autres, etc.
Alors une question nous taraude : comment peut-on être si engagé et que rien ne change dans sa vie de tous les jours ? Comment peut-on être si engagé et rien ne va dans le couple ? Aucune transformation : les mêmes galères, les traumatismes habituels, les mensonges habituels, un manque de confiance chronique, l’absence d’amour traduite par des disputes sans arrêt ! S’il en est ainsi, c’est qu’il y a un problème dans la compréhension que nous avons d’être chrétien.
Que faire dans ces conditions ?
Il faut savoir se remettre en question. Il faut chercher secours dans la prière, invoquer la grâce et la sagesse du Saint- Esprit, chercher un encadrement spirituel dans la communauté. Au fait dans l’engagement chrétien, il faut constamment se remettre en question. On peut chuter, on peut reculer quelques fois, mais il faut savoir se ressaisir et rebondir. Nul ne peut prétendre être correct et parfait. Le Christ a dit : je suis venu car tous ont péché. Mais nous avons tous le devoir de nous améliorer. Chrétien, on le devient chaque jour davantage. C’est une démarche de toute une vie.
Quelques confusions à éviter :
Quand le Christ dit de tout abandonner pour le suivre, il veut tout simplement dire que devenir chrétien, c’est savoir accepter des sacrifices. Ce n’est pas une démarche facile en soi. Il y aura des moments de découragement, mais il faudra tenir bon. Et si on tient bon, le résultat est certain. Il ne donne pas l’injonction d’abandonner les biens que l’on possède et que l’on a acquis honnêtement comme certains le prétendent. Mais que ces biens ou ces choses ne doivent pas nous préoccuper plus que le royaume des Cieux. (Chercher d’abord le royaume des cieux et tout le reste vous sera donné par surcroît). Quand le Christ dit de « laisser les morts enterrer les morts », il ne veut pas dire d’abandonner nos morts. Lui-même s’est apitoyé sur le sort de Lazare et de tant d’autres. S’il dit qu’il est difficile à un riche d’entrer au royaume des cieux, il ne veut pas dire que le fait d’être riche est un péché en soi. Il veut tout simplement dire que rien dans notre vie d’homme ne doit constituer une excuse pour répondre à l’appel de Dieu. Ni l’extrême désolation ni la richesse.
Quand nous nous attachons trop à quelque chose au point de ne pas répondre à l’appel de Dieu, au point de nous sentir autosuffisants, nous sommes en quelque sorte des riches incapables d’entrer au royaume des cieux.
Pour conclure
Notre attitude face au monde témoigne d’une foi chancelante et qui apparaît à travers le récit biblique. Tantôt nous ressemblons à Pierre entrain de renier le Christ par peur de mourir, tantôt nous sommes des Thomas entrain de douter de la résurrection du Christ et du coup, de sa présence dans notre vie, par moult déceptions. A la mort du Christ, les disciples sont déçus. Ils ont peur et ils se cachent. Les romains et les soldats sont eux aussi déçus mais ils se moquent de lui en disant s’il est le messie qu’il se sauve lui-même. C’est la même chose avec le mauvais larron. Mais le bon larron, lui aussi déçu, il fait le choix de reconnaître ses fautes et de faire confiance au Christ. Le Christ lui pardonne. Le Christ qui le premier a expérimenté la difficulté de la démarche chrétienne, ne s’est pas révolté contre son Père. Avant de mourir, il a remis son esprit entre les mains de celui-ci. Tantôt nous sommes l’un ou l’autre de ses personnages, tantôt nous sommes tout cela à la fois. Mais le Christ nous invite à jouir de l’inépuisable miséricorde de Dieu. Dans 1Jn 2, 15-17, on peut lire : « N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais est du monde ; et le monde s’en va et sa convoitise mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ». Notre attitude doit suivre la volonté de Dieu. C’est de cette façon que l’on peut attirer et faire de tous les disciples du Christ.